où est le passé ?

La "charge".

Etienne Klein reçoit Raphaël Enthoven.

Au terme de cette émission que je vous invite à écouter, que me reste-t-il ?
Un sentiment de haute-voltige cognitive et perceptive... ponctuée de quelques vers plus affectifs.
Le Temps se présente diversement—linéaire ou plastique, selon qu'on l'aborde par le dehors ou par le dedans.
Certaines tentatives intérieures tendent même à l'externaliser...
Attention donc à la mécanique mentale et langagière.
Car, rapidement, la dextérité fait qu'on ne sait plus de quoi on parle !
Pour ma part, quelque chose m'a manqué... quelque chose d'essentiel que je vais tenter d'exprimer.
*
Quand on pose un acte, on crée de l'information qui fait mémoire et karma, dans la mesure où de cet acte découlera une cascade de conséquences dont il sera la cause—explicite de premier degré, ou indirecte de nième degré. Ce qui est "stocké" pour moi n'est pas en soi "le passé", mais l'information—chargée karmiquement à l'instant même où celle-ci a existé. Cette charge issue du passé (ou rétention) nous propulse dans l'instant suivant à la mesure de la synthèse qu'on en fait pour l'ajuster au futur naissant (protention).
Phénoménologiquement, le sentiment du "je" présent se fabrique à partir d'un jeu d'élastiques tendus entre deux pôles : une charge initiale et un élan prospectif. Il n'a pas de substance en lui-même : il est le "lien" entre deux perspectives : l'une karmique—par rapport à ce qui a subjectivement existé, et l'autre existentielle—par rapport à l'ouverture que cette trace en nous génère. Le moteur temporel s'arc-boute sur les deux dimensions de l'existant—sujet à la fois à la causalité première (celle du passé) et à la rétro-causalité finale (celle du futur). Terrain "yin"—physique, énergétique, psychique... et désir yang—d'avenir.
Il n'y a de flou que le passage de l'ontologie à la phénoménologie. Ce qui a été l'a été en soi, et l'a été dans la manière singulière dont les éprouvés en présence l'on traversé. De quelle information parle-t-on alors ? De celles des situations objectives (en 3è personne) ? ou bien de celle des sujets subjectifs (en 1ère personne) ? La "qualité" karmique réside-t-elle au dehors ou au dedans ? Comme la temporalité, existe-t-elle sans nous ? Si oui, où l'information est-elle alors stockée ? Où est donc le passé ?

Il doit exister une multitude de continuums : ceux que les êtres forment dans leur traçabilité de vie personnelle, et ceux que les évènements constituent en eux-mêmes dans le monde matériel. Si un verre déséquilibré tombe d'un coin de table et que je suis présente à la scène, on se doit de considérer le fait en lui-même, ainsi que l'impact qu'il aura sur ma réactivité émotionnelle propre. La première observation est factuelle—possiblement décrite au plus "vrai" ; la seconde est plus floue—sujette à moult interprétations. Certains "flux" sont liés à des données ontologiques, un peu comme des règles invariantes ; d'autres "flux" sont alimentés par des items phénoménologiques, sortes de morphogenèses de qualia infiniment mutables. 
Il y a donc "ce qui existe en soi" et "ce qui existe par moi". Il y a aussi ce qui coïncide entre les deux... quand l'approche relative rejoint au plus près l'état d'absolu, quand ce que je sens et pense reflète ce qui est vraiment. Peut-être que là est le moment réel de fixation du karma qui guérit ? 
  1. Non plus celui, trop bas, des impressions inter-personnelles accumulées, réactionnelles et confuses ; 
  2. Non plus que celui, trop froid, des jeux de régulation des petits et grands espaces physiques (par exemple, atmosphériques, nano ou astrophysiques,...) ; 
  3. Mais un troisième—un karma de soin, passerelle mystérieuse (inconnue du plus grand nombre) qui serait située à la correspondance invisible entre les deux premiers, et qui ferait se joindre ultimement les réalités "infra" / incarnées et les lois "méta" / universelles ;
Le chaînage karmique global nous intrique tous à partir de nos flux respectifs, et lie nos destins solidaires aux éléments (non)aléatoires de nos environnements naturels. Ce réseau sans limites, cet canevas intégral—à l'échelle cosmique, nous enveloppe et nous trame tous dans la logique de sa triade : "mémoire" / "instantanéité" / "tension vers". ... Ainsi, nous sommes de l'information dé-figée, animée, recyclée, par les composantes du Temps... Des datas mises en mouvement et donc capables d'expériencialisation et de transformation.

En résumé... Où est le passé ? Pour part "en nous", dans notre aptitude (extra ? et) intra-neuronale à partiellement le reformer—des plis les plus conscients, cognitifs et sensoriels, aux plus inconscients. Pour part "en dehors de nous", dans la matrice globale qui absorbe, se remplit, assimile... et parfois dé-compense aussi.
Le passé est information : il agit comme un levier vers les productions individuelles et collectives de demain. Mais, je n'omets pas d'ajouter que ce "karma en puissance" ne connaît pas l'oubli... Le travail qu'il déclenche s'inscrit dans le Temps adéquat de résolution de sa demande : peut-être bien sur DES vies. Seul le "sujet comprenant" devenant "sujet éthique" pourra s'évanouir dans l'Amour Originel. Et son passé avec lui...

Ak Mi, 23 oct. '20 - 18h46

Commentaires

  1. Intéressante réflexion sur la mémoire sous forme d'information intra ou extra nous-même.
    Il y a aussi la dimension collective : le savoir de l'humanité qu'aucun de ses éléments ne peut assimiler en totalité. Il est stocké matériellement dans les bibliothèques de tous types (livre, mais aussi net, … ) et dans la tête (comment ?) de tout transmetteur de connaissance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nos bibliothèques humaines, celles de l'intelligence collective, faites de données éprouvées dans le temps... nous permettent la transmission mémétique—à l'échelle d'une culture. La récapitulation du savoir jusqu'à l'en cours des connaissances, à laquelle elles nous donnent accès, nous propulse toujours plus avant de la phénoménologie particulière à l'ontologie universelle. On se raffine entre générations. Ces "mères" de l'humanité, sont un outil précieux de l'évolution pour soutenir ce que j'avance ici de l'avènement du "3è karma" (celui, accompli ou "de soin"). 👍👌Merci ! :)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Merci à vous !

Posts les plus consultés de ce blog

les fondements de "ma psychanalyse"

au coeur du processus : la création (de soi)

transparent

votre lumière arc-en-ciel

la succession des "mondes"...