forêt psychique

En préfiguration de ma participation à la manifestation "Les origines des mondes".

Lettre aux habitants...

... à propos de ce que m'évoquent les forêts. Parce que par ici, il en sera bientôt question... Dans l'essence de celles-ci à la fois naturelle et archétypique. Fière en son érection vers le ciel, mais aussi laborieuse en sa ramification souterraine, la forêt comme métaphore de la psyché—consciente et inconsciente.
De quelle manière les habitants de ces forêts, ou vivant à proximité, sont-ils par elle impactés ? Quelle charge millénaire portent-ils en eux ? —dont les natifs des villes se seraient affranchis. Quel est l'inconscient de la forêt ? Comment le fait de la côtoyer nous transforme-t-il ? Quel est son legs ? Quel est son pouvoir d'absorption de nos propres enchantements, lumières, désastres et misères ? Nous "dit"-elle ?... Comme une mère dans le secret, comment nous apaise-t-elle ? La simple idée qu'avant nous, déjà elle sache, la simple intuition qu'au travers de nous, déjà elle connaisse, fait d'elle un refuge... pour nos incompréhensions, nos troubles et nos traumas. Au fond d'elle, comme une question, on peut se reposer. On se loge, on se love... pour trouver "sa forme" dans le moelleux profond... de l'inconscient. Quelle est cette "forme" ? Venue d'où ? Pourquoi réside-t-elle "là" plus que tout ailleurs ?
Au creux de la forêt, la Vie déjà : les peuples minéraux, végétaux, animaux,... et spirituels ; les communications intra et extra-sensorielles ; les surprises et leur peurs ; les émerveillements et les cauchemars. Les révélations et les ombres toujours "chinoises". Tout un bestiaire d'images déroulé sur l'écran psychédélique—vif, brillant et réactif, de chaque humain ; imprimé dans le corps de plomb, douloureux, lourd et durci, de chaque humain.
Autre définition du Karma. ... Le mot est lâché. Toutes ces bribes psychiques—éparses, désorganisées parce qu'abandonnées, se baladent en forêt de nuit comme de jour. L'humidité vient les décomposer ; les syntaxes alors se relâchent, et les alphabets ne parviennent plus qu'à former des lambeaux de signification éclatée. Le morse approximatif nous panique ! Nos rêves sont agités ; au réveil, notre trame mentale confuse.
C'est sans doute que nous n'osons assez loin fouler les chemins, même quand ceux-ci disparaissent sous nos pieds. Tout au contraire, la psychanalyse nous équipe pour les emprunter, les parcourir, les arpenter, et même, là où ils s'arrêtent, les prolonger. Loin d'être une terre de perdition, la forêt est un espace multidimensionnel pratiquant l'ouverture. Pas besoin de boussole pour suivre avec confiance le processus d'éveil. Chaque pas psychanalytique s'enfonce dans notre mystère, le saisit pour ce qu'il est, et le travaille au sens de son éclosion. Rien de bien extraordinaire ou particulier. La sagesse nous vient d'avoir un jour cheminé, testé, vécu, expérimenté... des formules éphémères. Si passagères qu'elles aient été, ces circonstances et ces actes nous ont un jour défini(s), et doublement marqué(s) : émotionnellement au niveau de notre mémoire individuelle et de nos engrammes personnels dans cette vie-ci ; et, en soi, informationnellement / karmiquement... dans le chaînage qui nous attache transhistoriquement à l'autre—qu'il soit "être" ou "environnement".
Tous ces relents de "nous" flottent dans l'air de la forêt ; l'atmosphère épaisse peut en être saturée... avant qu'au gré d'une clairière, le soleil ne vienne les dissiper. La lumière, telle une conscience qui retourne le dessous des réalités, se pose sur le non-dit... vient justement "dire", vient souvent aussi "pardonner", avant de laisser "partir". Une histoire énergétiquement racontée n'a plus besoin de se trahir, ni de se lamenter... Alors elle peut cesser d'entretenir ses ombres... qui, une fois tues, libèrent un potentiel existentiel nouveau, lavé et régénéré. Et les fantômes, encore inconscients de leur propre mort, peuvent interrompre leur danse "folle"—exubérante et endiablée. Et remonter... S'éclairer... Se montrer de sous le drap... Souriants et aimés.
Aimés depuis où ? Depuis "où" de nous ? Depuis l'étoile scintillante ?... devenue chaleur ambiante—véritable puits solaire. Une fois que se découvre ce versant de notre personne, on ne le quitte plus. On se sait capable de voir et d'éprouver... et le vertige des montagnes, et la raideur des abysses, et de "les jouir" dans la nature même de leurs trop grands reliefs... La dialectique ne devient pas celle d'une synchronie unique, à la manière d'une normalisation étanche à l'évènement qui surgit, mais celle d'une ouverture à ce qu'il nous prend de vivre instantanément et intensément. Une disponibilité dans la stabilité, liée à la connaissance préalable que l'on a des terrains et de leur vacuité. Ah... Notre pérennité vient-elle du Tout ou du "rien" ? Et si le Tout ne s'assemblait que dans le "rien"—dans l'inconsistance de soi en tant que persona, dans l'ultime distillation de soi dans l'Amour, l'ultime dissolution d'un Soi dans la "goutte" ?

Telles de gigantesques bibliothèques karmiques, les forêts sont les matrices qui stockent toutes les mémoires universelles, toutes les annales 'akashiques'. Généreuses et gourmandes, elles servent d'ancrage à la maïeutique invisible du monde... Les esprits y rencontrent l'Esprit. Se faisant, ils se laissent porter et dégager d'eux-mêmes—sans plus de charge interne ou d'angle mort. Au contact de leur grandeur toute "vide", ils deviennent visionnaires et lumineux. Métamorphose manifestée de l'Amour, en ce que Celui-ci canalise... et l'origine, et la finalité.

Les voyez-vous dans l'éther s'envoler ?... ou parmi vous demeurer ? .)
... Vous en êtes habités. En vous, ces "esprits" épris de relation et de clarté, vivent et persistent. Pour que vous vous sentiez aidés et aimés. ...

Ak Mi, 24 oct. '20 - 16h38

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