géométries naturelles ?
Entre géométrie et naturalité. Où se sent-on le plus à l'aise ? A l'origine des schèmes, ou dans leur traduction ? Les géométries sont diversement interprétées : de simples, basiques, élémentaires, elles deviennent complexes, insaisissables, non-repérables—répondant à des progressions non-linéaires. L'incarnation se masque pour passer incognito dans le flux de la vie. Les morphogenèses naturelles se distinguent difficilement dans leur(s) régularité(s), et s'apprécient davantage par la richesse non-préméditée de leur chaos apparent.
Les êtres vivants, qu'ils soient végétaux ou animaux, varient à l'infini dans l'émergence propre de leur(s) forme(s) et lumière(s). Pour répondre à l'adaptation, aux nécessités d'intégration et de survie dans des milieux à risques faits de rencontres et de prédation. S'exprime là tout le jeu de l'autonomie (créatrice) soucieuse de perfectionner son intra autant que son inter-fonctionnalité (immergée parmi les autres essences ou espèces). Se manifeste ici aussi toute la marge—d'inventivité non-aléatoire, et non-déterministe non plus, dont dispose chaque agent de vie (à l'échelle de l'individu comme à celle de la catégorie) pour se frayer un chemin dans l'évolution (phylogénétique).
Pour décrire, on peut systématiser des règles génériques, établir des lois englobantes en partant des dénominateurs communs à toute une strate de phénomènes. Cette réduction expérimentale est nécessaire pour aborder et comprendre les Grands Principes de l'auto-organisation biochimique du vivant. Mais la réalité de son application comprend une infinitude de variantes incarnées, apparues / nées de circonstances "situées", toutes plus singulières les unes que les autres.
L'Arbre Réel synthétise au maximum le gabarit dans lequel La Création (toute entière ?) peut entrer. Il modélise la relation du visible et de l'Invisible. A partir de là, cette "matrice première" permet aux êtres qui la peuplent de s'inventer comme ils le veulent. La liberté des créatures auto-générées réside précisément dans leur pouvoir créateur—qui leur confère des formes et des couleurs si particulières... La répétition paresseuse de patterns n'est pas de mise dans la nature ; l'explosion d'expressivité des milieux jusqu'ici protégés (notamment sous-marins) l'atteste pleinement. C'est comme si chaque animal venu au monde s'éclatait à parader pour la chasse, pour l'accouplement ou pour la parentalité. La croissance de soi suit des cycles ; l'ontogenèse récapitule la phylogenèse. Quelque chose "roule" dans tout cela... se transmet tout en se transformant, de génération(s) en génération(s). Quelque chose de "même", sans être identique du tout, se pérennise.
La géométrie, on s'y inscrit, mais sans obsession ; on la restitue, mais sans compulsion. Transparente, c'est elle qui permet en son sein, mais sans annihiler ce qu'il nous reste de travail à fournir pour nous développer "(sur)vivants" ! Nous appartenons à une systémie qui nous contraint, mais pour que nous puissions nous appuyer sur son "yin" afin d'augmenter notre "yang". Ce qui préalablement structure fait cadre : c'est un socle, autant qu'un instrument de composition mis à notre disposition. Une fois la technique appropriée, libre à la dextérité de s'exprimer dans l'imaginaire le plus pur. La matérialité yin du "ce qu'il y a déjà" est une condition de possibilité de l'immatérialité yang du "ce qui devient". Les mobilités animales et humaines témoignent de cet équilibre entre "ce qui est requis" et "ce qui advient". La moindre rupture de rythme peut provoquer une chute.
Cette menace est celle qui affecte nombre de maladies mentales—telles que les TOCs. Les Troubles Obsessionnels Compulsifs—particulièrement ceux liés à la géométrie, peuvent s'évertuer par exemple à retracer mentalement les lignes de force des espaces ambiants. Ce systématisme pathologique dégage "ce qui est" au détriment de "ce qui pourrait venir". Pour le patient, la géométrie alors devient une cage : une grille de lecture uniforme et rigide posée sur le monde comme un éteignoir.
Tout au contraire, la santé doit pouvoir s'affirmer dans l'exercice libre, créateur et souple des géométries. Révélatrices polymorphes des architectures mentales et spatiales, celles-ci affirment le sens, l'ordre et la logique de l'univers. Nous humains, nous ne sommes pas seuls, égarés à jamais dans une jauge sans origine, ni finalité. Par nous, un processus est en cours. Nous l'incarnons, et ce faisant, nous le découvrons sensitivement et cognitivement. Nous sommes inclus dans cette géométrie sacrée—qui loin de stérilement nous ligoter, nous affaiblir ou nous tuer, peut nous constituer, nous substantialiser, nous essentialiser. Cette mathématique de l'Invisible, implantée dans le visible, nous donne à voir, à comprendre, et surtout à sentir... la pièce dont on fait artistiquement partie pour pouvoir y jouer notre absolue partition, et en jouir.
Ak Mi, 26 oct. '20 - 5h23
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