créa-thérapie ?

"En réalité, quand on voit et qu’on expérimente personnellement quelque chose, le premier contact est abrupt, impulsif. A mesure qu’on perçoit un peu plus, on peut humer cet objet de la vue, sentir sa texture, sa fabrication, ses vibrations. Puis on commence à l’entendre. On peut en entendre sa texture, le souffle, sa respiration qui peut être douce ou bruyante. On peut réellement entendre la pulsation de l’objet. On voit le battement de son cœur en même temps qu’on l’entend. Enfin, on commence à s’intéresser grandement à l’objet parce qu’on a traversé tout ce processus et qu’on essaye d’y toucher visuellement. On s’engage envers cette perception particulière et on entame une relation réelle avec tout ce qui surgit dans le monde."

"Regardons en face la réalité et sa précision, avec tout ce qu’elle comporte d’irritant et de puissant. Une fois qu’on en expérimente le fonctionnement et la texture, qu’on la perçoit réellement, les problèmes s’estompent."

~ Chögyam Trungpa, Dharma & créativité.

ૐ de la création artistique à la créa-thérapie : la "création de soi"

Quand on me dit "création artistique", je réponds généralement "création" tout court—création permanente dans le champ de la vie ordinaire—de manière à ce que celle-ci acquiert une qualité de "brillance" pour soi-même dans le vécu des qualia intérieurs et pour les autres dans leur appréhension de l'altérité en vis-à-vis.

travail photo à partir d'un dessin aux crayons
La création, c'est tout d'abord l'affaire du lâcher prise—pour se trouver, se rencontrer, à l'endroit exact du contact spontané, immédiat avec soi-même. La relaxation ou la sophronisation de base sont donc de bonnes et nécessaires "introductions" pour "relâcher" tout ce qui fait notre tension, notre saisie perpétuelle des "objets mentaux" classiques de l'existence (les soucis et préoccupations courantes).

Se rencontrer, on ne le peut qu'en état de disponibilité ... et d'attention : il faut trouver le chemin pour avoir accès en soi à la production d'images (et de qualia) propices à nous porter vers des émergences de formes visuelles, sonores, écrites, ... jamais soupçonnées auparavant. Pour cela, il nous faut le lâcher prise, le contact, la confiance, ... et le rapport conscient à l'instant présent : à la dynamique du "mouvement mental" plus exactement. Cet élan est clairement intentionnel, mais aussi représentatif d'une immanence en soi très instinctive. Les secondes se déploient au fil d'un dévoilement—qui nous est suggéré certes, mais qui n'existera vraiment que dans la forme qui l'incarnera—une fois qu'elle sera là.

Pour soi-même ou pour l'art (à fortiori pour les acteurs qui sont "eux-mêmes" l'objet de l'art), la création c'est un travail, une occupation consciente omniprésente—qui sollicite à tout instant notre lot personnel de richesses les plus inconscientes, intuitives. .... Comment circonscrire, entretenir et enrichir ce "processus-kado" en nous ? c'est l'objectif vivant du versant "créatif" de la thérapie.

ૐ la pratique créatrice : les bienfaits en thérapie...

travail photo à partir d'un dessin aux feutres
"Créer" et "se créer", quelle différence ? Le premier exerce le second à la présence à soi-même en profondeur pour pouvoir ensuite donner de sa présence aux autres, avec un certain charisme, une certaine puissance directionnelle, puisés dans le Soi. ...

connaissance de soi (quoi ?)
  1. dans sa relation engagée dans l'instant présent > le comment du processus "créatif" en soi-même dans la vie courante ;
  2. dans sa production de contenus automatiques > le quoi : quelles remontées de formes émotionnelles et psychiques ? pour quel agencement de sens autobiographique ? ;
maîtrise de soi (comment ?)
  1. vigilance et ancrage dans ce qui nous lie au temps vivant de l'action > attention portée au rythme propre de ce qui se révèle progressivement dans l'instant ; analyse temps-réel de "ce qui est" et qui enchaîne son développement dans sa logique intrinsèque ;
  2. clarté mentale et émotionnelle > sens de sa responsabilité karmique : assumation des choix initiaux (pourquoi?) ; anticipation des risques d'évolution ; acceptation du "comme c'est", une fois manifesté ;
innovation de soi (pourquoi ?)
  1. ouverture en soi verticale (au Soi spirituel) > accueil de "ce qui est" (la terre et ses maux) pour son éventuelle régénération / guérison dans l'alignement "terre-ciel" ; sens de la transformation—de l'alchimisation des "vieilles douleurs coincées" en "énergies sacrées libérées" ; sens dynamique d'une "croissance spirituelle" pour soi-même—ou de l'irrésistible attraction exercée par l'individuation (jungienne) ;
  2. ouverture en soi horizontale (à l'environnement relationnel) > disponibilité à l'opportunité de la rencontre de l'autre ; goût de la perception empathique des situations ; appui sur l'altérité, la complémentarité, pour co-créer des univers de co-existence émergents ;
  3. ajustement, sans cesse retravaillé, d'une posture médiane à l'intersection des deux dimensions de soi—verticale et horizontale ;

ૐ la créa-thérapie spirituelle : une récapitulation de "soi" enracinée dans le Soi

travail photo à partir d'un dessin aux crayons
Pourquoi est-ce que j'insiste autant sur cet axe créatif de la thérapie ? Parce qu'il est le garant de l'émergence du vrai "soi". Parce que quand on acquiert le sens et l'exigence de la "création de soi", on est assuré de s'ancrer dans sa nécessité intérieure et dans la vérité de soi. On est assuré du "travail de soi" dans une direction authentique—ultra-profonde et récapitulée dans l'instant vivant. On ne triche pas—ni avec son "soi" subconscient, ni avec son Soi supra-conscient.

Ainsi grandi, élargi à ses dimensions spirituelles inaltérables—son Soi (ce, quel que soit "le mal" rencontré sur terre), on peut s'appuyer sur ses ressources lumineuses immuables pour décider, par delà sa persona, de l'introspection nécessaire à la connaissance de son subconscient (karmique). La créa-thérapie arrête alors ce qu'il est bon de garder et de valoriser, et ce qu'il est préférable d'évacuer ou de transformer. C'est la capacité visualisatrice, créatrice et novatrice en nous qui nous permet d'analyser, de fixer, de trancher, de générer,... ce qui fera notre choix et notre destin de vie.

On ne cherche pas forcément l'extravagance, ni la transgression pour se distinguer. Non. On est juste en accord global avec ce que l'on ressent et qui s'exprime dans le rapport que l'on co-crée avec et au sein de son environnement. Notre présence holistiquement consciente à l'autre nous permet de pénétrer l'intelligence des situations, et de dégager l'intuition des solutions. ...

Ainsi, finit-on par libérer ses mémoires karmiques et par incarner son Soi. ...

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