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Il est des douleurs qui nous affligent, et ce n'est pas parce qu'on se les inflige... "Toi, c'est moi". Quand la douleur de l'autre nous oblige parce qu'on en est l'auteur... et que le travail des années n'a plus de prise sur l'évolution de l'évènement lui-même—devenu hors de portée dans l'espace-temps. Tout s'est figé, sauf nous—qui poursuivons dans le tourment.

Ce qui, à un moment tendu, aigu, a été "lié"... pour le pire de nous (le "toi, c'est moi") continue de nous coller sans bouger. Atemporel et cruel. Si l'on pouvait communiquer. Si seulement... Faire avancer une conversation, une compréhension, tout le contraire d'une évasion. Le visible se ramasse sur lui-même, tandis que son corollaire, l'impénétrable "invisible", semble nous toiser, nous glisser, nous tromper ou nous fuir.

Si l'on pouvait s'accorder, s'expliquer... non pas se justifier, mais se contrir. Une seule voix... celle de "toi, c'est moi". Cela se décide donc à deux. Cela scelle un pacte, une alliance, un secret. Quand on a régi le destin d'autrui, cet autrui devient part de nous... au point de nous demander une partie du gîte. Nos actions deviennent conditionnées à cette réciprocité intime, à ce karma partagé. Rien ne sert de se dégager. L'Amour se joue là. Peu importe le rôle qu'on y a eu.

Le Pardon, qu'est-ce ?... Peut-être une mutualisation des peines et des sincérités (toutes deux karmiques) pour, de part et d'autre, "remplir son service". Et si l'intrication de cette histoire-là révélait au monde sa véritable part de complexité dans l'enaction radicale ? Dans le fait de naître par l'autre. Ni victime, ni bourreau (ou alors au seul sens "terrestre"). Deux entités dans le vide—empli du seul possible : l'Amour. Le "pardon" de l'un est à la mesure de la chute commune. Rien ne sert de combattre l'en cours des choses—puisque "le mal" est fait. D'ailleurs, le mal n'est pas autre chose qu'une sortie de route, une pierre lancée selon une trajectoire qui n'atteindra pas la cible. L'enjeu est grave certes, mais courant—à l'échelle de l'individu, comme à celle de la société.

Se remettre ensemble sur la route afin, pour tous, de mieux l'éclairer, voici la mission du "pardon". Cette énergie mariale est celle de l'assemble, de ce qui "tient ensemble"... toutes les polarités. La fente de séparation autant que de jonction. Loin de tout-à-fait combler le fossé (d'explicitation souvent), elle fait simplement "co-exister" ce qui, sans cela, ne se vivrait pas dans la cohérence du lien. C'est étrange et souffrant ; c'est immédiat et léger, immobile et agissant. Certains voient en cela une "apparition". Pour d'autres, il s'agit aussi du principe actif de la rédemption.

L'autre compte avant tout. ... On voudrait prendre de ses nouvelles. Mais les actualités de la vacuité se passent ici même. Tout est relégué dans le maintenant de ce que l'on produit : de ce que l'on rêve ou de ce que l'on concrétise—seul ou avec autrui. La route est longue : une vie. A attendre sans savoir ; dans l'unique pouvoir du "faire" pour donner substance à la transformation qui en nous progressivement opère. Car tout cela est lent jusqu'à la manifestation. Les descentes, si fulgurantes soient-elles, cheminent à la vitesse des infiltrations... avant de trouver leur destination : le monde—en ce qu'elles ont à lui révéler.

Il est des messies, il est des apôtres, et il est des prophètes. De quelle prophétie s'agit-il ici ? De nos coeurs à tous. Du coeur de notre réacteur : l'humanité. Et si l'Ange se présentait, il ne dirait pas autre chose : "Aimez, accomplissez et vous apprendrez. La Vie vous répondra... A chacun de vos pas, Elle sera là. Incarnée ou pas. Oubliez surtout ce que vous êtes ou n'êtes pas : écoutez-moi, inspirés. Posez-vous sur le papier... Sans abandon total, soyez confiant ; rien ne peut vous arriver d'autre... que la vacuité. Car, à vous-mêmes, vous n'êtes pas plus que cela. Est-ce pire ou meilleur ?... C'est sans voix. Blanc. Ou bien, comme une lisière, transparent."

Ak Mi, 15 nov. '20 - 10h30

Commentaires

  1. Encore une fois cette sorte de mélodie murmuré me donne à entrer en résonance en particulier "… se remettre ensemble sur la route …".

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  2. la Vie ne peut se vivre que dans l'Agir et se dire par-delà les mots qui forment son récit….merci

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