les fantasmes ?

Calligraphie par Lorberye + travail photo.

Un paysage, c'est quoi ? Un espace, une étendue, un horizon... avec un relief et une nature particuliers. Un bout de pays soumis au regard de l'observateur—un peu comme une aire géographique vue de l'aérien panoramique, ou juste à portée de foulées sous les pieds. Les paysages nous sont externes au sens où nous évoluons dedans comme des agents sentients—physiques et mentaux. Les paysages nous inspirent des sentiments et nous bouleversent en émotions. Ils remuent des parties de nous en miroirs qualitatifs existentiels. On les décrit, on les écrit, on les peint, on les enregistre sur les plans visuel et sonore. Ils sont écosystèmes : bulles de vie(s) auto-générée(s) où la symbiose s'impose. A l'intérieur de nous, ils se forment psychiquement et cellulairement. Aux lisières de "nos mondes", ils absorbent et digèrent les évènements de nos affects. Ils font apparaître des images... comme des saisies universelles d'archétypes humains. Les paysages—nos paysages—nous ressemblent et nous assemblent, nous unissent et nous divisent. En nous-mêmes, une suite psycho-sensorielle "faisant monde"—récurrent, pénétrant et par conséquent familier, c'est une phénoménologie dite de "qualia"—de qualités de l'expérience subjective ; c'est une émergence spontanée qui libère les informations karmiques de l'existence en cours, là où elle en est. Les contenus des paysages mentaux s'expriment en fonction des cartes somatiques accumulées par notre inconscient corporel. Ces émergences, quand elles adviennent, nous foudroient, mais nous les contenons déjà. Les fantasmes sont des formalisations évanescentes de ce que notre organisme éprouve réellement—de mal ou de jouissance, au contact de ses différents environnements et altérités. Indissociablement, en ces deux dimensions, nous sommes liés et pelotés : ce que je sens—ce que ma chair comprend, là où elle se déclenche—instinctivement je le forme en rêve éveillé. A force de répétitions, des connexions entre les deux se font jour ; des patterns neuro-physiologiques s'installent et grossissent—à partir d'émois de base comme la peur, la douleur, le chagrin, la détente, la gravité, la plénitude, l'excitation, le désir ou l'extase. En prise directe, c'est bien ma chair qui se met à "rêver". Ma chair restitue, simule, revit et ma chair fabrique, invente, imagine. Elle est à la fois fiable et trompeuse. Elle peut délirer... Les fantasmes de chair sont les plus vitaux aux équilibres des systèmes vivants—affectifs et cognitifs. Dès lors que les flux sont branchés, que la circulation est lissée, que par ce chemin le haut rejoint le bas, les fantasmes vécus nous "donnent accès"... Brisant les plafonds de verre, ils meuvent nos expériences en leur point existentiel culminant. Au passage, ce qui du corps remonte rencontre ce qui du supraconscient descend. L'équilibre de la nature est là.

Nos paysages psycho-corporels sont la clé du sens de nos vies incarnées. En nous-mêmes, nous peignons des tableaux pour mieux nous réfléchir et nous aborder. Entre nous, nous développons des récits comme des rivières, et déployons des films comme des vols d'oiseaux... pour en nous-mêmes, comme eux, migrer. Alors seulement le fantasme se superpose à l'amour, le fantasme devient d'amour. Car les rivières et les oiseaux sont confiants en leurs routes ; ils suivent la topographie, adhèrent aux roches et aux vents. Un surf dans le réel qui a permis la Vie. Ramassons et alignons nos tourments ; dirigeons-les fonction des itinérances fondamentales—sans nous amollir, ni nous heurter. Quelles sont tes itinérances ?... les plus fondamentales ? Celles qui guérissent le "mal-pris" en toi, le détourné ou le retourné. Pour un plein avénement de toutes tes dimensions une fois synchronisées. Pour que celles du haut informent celles du bas. Pour qu'au milieu des atrocités, ton monde devienne "à l'endroit"—fier et engagé, missionné pour sécher toutes "les larmes à l'envers"... à commencer par les tiennes. Temporaires comme le monde... Ephémères ou attardées, ces larmes sont ta traversée. Car ce que tu franchis ne revient pas. Une fois du fond bien soulevée et travaillée, bien épongée et transformée, bien filtrée et libérée, la force de l'ombre mute en pure et divine énergie : celle de la Création à laquelle tu appartiens. Alors tu te coules dans sa profondeur... et sublimement tu deviens "goutte". L'Amour, qu'il soit de terre, d'eau, de feu, d'air ou d'éther... alchimise ceux qui en lui se consument. Tu en es.

Ak Mi, 7 nov. '20 - 13h22

Une perception sphérique.
Des rondeurs solaires.
Des lisières confondues.
Une zone de confiance.
Une intériorisation.
Une saveur.
Un retournement.
Des espaces curvilignes.
Un sentiment de chute.
L'art des gouffres.
Au milieu des misères et des splendeurs,
Un abandon sanguin, moite et tiède.
A quelle divinité ?
Et la lumière ?

Commentaires

  1. Toujours aussi pertinent et mystérieux …

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    1. Mystérieux... Mais ces quelques lignes apportent-elles des réponses ? ou ouvrent-elles de nouvelles questions ?

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