"les autres", gouffre ou appui ?

"Ce qui n'est pas soi" (ou perçu comme tel)... à quoi cela nous sert-il ?
Est-ce là pour nous accabler, nous enfoncer, nous nier ? Ou cela joue-t-il le rôle de miroir, de temporisation, de terreau, de tuteur ? Déformation, écrasement, annihilation ? ou nourriture, dynamique, modération ? Haine, bêtise, ignorance ? ou jeu, lien, amour ?
Un seul mot : le "créateur" de la relation avec l'autre, c'est avant tout nous-même.
  • J'organise ma verticalité : mon autonomie, mon ancrage, ma force de créativité / de proposition—avec inventivité et identité pour moi-même. 
A quoi, à quelles valeurs, je m'identifie dans l'absolu ?
  • J'organise mon ouverture : comment je décide de "percevoir" ce qui m'arrive sans le subir ; comment je positionne mon jugement afin que celui-ci soit juste, équilibré, équanime ; puis comment consciemment, je projette mon retour intentionnel et mon action, afin que mes comportements n'aient pas à souffrir des hostilités, injustices ou débilités, en devenant eux-mêmes maladifs, viscéraux, ou simplement "réactionnels".
Comment je négocie les situations dans l'environnement relatif ?
"Le complexe de l'autre"
(akmi - dessin automatique numérique, 2019)
Absolu et relatif. Image de moi-même, et composition dans le monde.
Deux sortes de "création de soi", chacune d'un type un peu différent.
L'une faisant appel à la "connaissance de soi" (et donc à la psychanalyse) ; et l'autre aux "moyens habiles" : à notre savoir-faire—lequel s'active fonction de nos dispositions innées et de nos pratiques acquises ! Une question de talent et de discipline, donc.

L'erreur peut être double donc.
  1. En interne, l'erreur de ne pas avoir assez confiance en soi—au sens de ne pas percevoir assez fort, nettement, radicalement, "qui l'on est" vraiment ;
  2. En externe, l'erreur de flancher dans la capacité de projection de soi—au sens de ne pas savoir adapter son action avec assez d'intelligence, de patience, de souplesse et/ou de puissance.
Tout est donc une question de justesse (d'intuition, d'appréciation, d'assurance et de courage) :
  1. Quel est mon ADN, ma signature—(trans)personnels ? Qu'est-ce qui a de l'importance pour moi, qu'est-ce que "je vois" ? Comment j'opère "le tri" nécessaire aux évènements de ma vie ?
  2. Comment je mets en oeuvre "ce que je vois" : avec quelle clarté d'esprit ? quelle volonté et détermination ? quelle précision d'exécution ?
Comment donc, je peux passer du trouble à la fécondité ? du gouffre à l'appui ?
Pour cela, il me faut faire miennes quelques notions de base :
  1. L'autre dans ma vie est une donnée relative —tout comme moi-même dans sa vie à lui ; l'autre, humain, est tout aussi susceptible de défaillance (de faiblesse ou d'extravagance : projections inconscientes, associations délirantes,...) que moi-même.
  2. L'autre ne peut me dicter "qui je suis" : qui je suis, je le découvre dans le secret de "la relation à moi-même". Que ce soit dans le silence de "ma mystique personnelle"—au sein de mon immanence intuitée ; ou dans l'expression ouverte, créatrice, de mes "faire-mondes" énergétiques, émotionnels et mentaux.
  3. L'autre (quel qu'il soit), je ne le rencontre pas par hasard et il peut (à sa manière) m'aider sur mon chemin de vie karmique. Qu'on le veuille ou non, que ce soit dans la résistance ou la collaboration, le compromis âprement négocié ou l'osmose véritablement fluide, l'agression ou la passion,... dès que l'on "entre en contact" avec l'autre, ce que Francisco Varela appelle l'enaction—ou co-générativité, devient naturellement opérationnelle. Et ceci pour "co-créer".
  4. Imaginez-vous "seul au monde"—sans environnement, ni altérité ! Vous ne surviriez pas. La rencontre avec l'autre représente une opportunité d'émergence symbolique nouvelle. La seule règle étant de demeurer "présent à soi-même", et apte à hiérarchiser les propositions, à les organiser en un sens qui convienne à son "mode personnel". La rencontre pouvant même aller jusqu'à provoquer l'émergence de ce "mode personnel" ! L'autre donc, comme chance de différentiation et de singularisation.
L'autre ne peut "m'aider" que si je suis présent à moi-même.
Quelques repères. Quelques normes de co-création. Pour éviter de sombrer : la submersion. Pour se permettre de grandir : l'élection.
Car vivre, c'est s'élire soi-même ; et élire son environnement / son altérité —en enactant constamment avec lui / elle.
Vivre, c'est sculpter, modeler —prendre, rejeter, ou mieux : transformer.
L'autre, la relation à lui, est "notre matière" (materia prima) ; notre carburant dans le temps. ...

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