l'arbre de ma vie (extraits)


CHAP. 13 = LE TRAVAIL
LA CRÉA-THÉRAPIE SPIRITUELLE

(oct. '16)

Un dernier chapitre comme un tremplin vers l'activité de demain. La mienne en tant que thérapeute, la vôtre en tant que « patient » de vous-même. Dans ma pratique, il se peut en effet que je rassemble un peu tous les aspects précédemment évoqués là : l'axe d'amorisation croissant du « moi » au Soi, la dyade inconsciente du « supra-conscient dharmique » et du « subconscient karmique », le « devenir conscient » selon l'épochè, le petit « moteur existentiel » du Virtuel manifesté dans l'Actuel, la (non)-dualité des bases matérielles ( Réel ) et informationnelles ( Potentiel )—enactées dans l'Actuel pour toujours davantage intégrer le Virtuel, …

Et soi dans tout ça ? Un soi-même « acteur »—à l'image de l'individualité scénique de celui qui interprète et qui Est simultanément, de celui qui pilote et qui vit, de celui qui ( se ) voit et qui se noie, de celui qui est présent—en conscience(-témoin) et en existence émotionnelle engagée. A l'image de celui qui lucidement interagit et qui magnétiquement crée des contextes et des sens pour lui-même et pour autrui. …

A l'instar de l'acteur, la créa-thérapie est une pratique de la « création de soi »—de la connaissance de soi—pour parfaire et raffiner celle que l'on a des autres, et de l'audace récapitulative, synthétique de soi—pour oser l'innovation et la justesse du pas suivant. Se créer soi, c'est se rapprocher de l'écoute synchronistique de son Soi—par les rencontres1 de tous ordres ( relationnelles et/ou culturelles, … ). Se créer soi, c'est aussi éponger le pourquoi des résistances de l'environnement autour de soi et le questionnement sur les circonstances—quand elles sont défavorables, voire franchement horrifiques ou traumatiques. C'est parvenir à l'identification de sa « formule existentielle » : sa question2—celle qui ( à l'interface du Soi et du moi ) nous mènera sur LE CHEMIN de notre existence. La mienne ? Quelle est-elle par exemple ? Peut-être celle-ci : « Comment transcender les polarités ? ». Cela tombe bien—ce sont les polarités qui nous rendent « vivant », « dansant ». Comment donc acquérir la stabilité vertigineuse de l'équilibriste en lévitation sur son fil ? En éveil et vigilance permanents, en habileté et rectification incessantes. En présence à soi ( son corps ) et à l'environnement ( le vide ) … totale !—quasi surnaturelle. Le fil est exigent—tendu, mais si ajusté sous le pied ! … car le fil suit l'éthique personnelle—en ce que sans cesse celle-ci doit se faufiler et faire des choix dans des cadres exigus, complexes et incomplets. Mais de l'intérieur, nous savons. De l'intérieur, nous (re)connaissons. … Marchons donc un temps sur notre fil les yeux fermés, et voyons. … Voyons ce que l'éthique interne est capable de faire pour nous—en dehors des règles externes et collectives. En dehors de la masse en mouvement de Panurge. Revenir à soi donc. …

Comment ? Par le rêve des profondeurs. Le rêve nocturne ou éveillé ( spontané, dirigé ou interactif ). Par le surgissement archétypal de ses propres images et scenarii à soi. Par l'irréductibilité de sa singularité émotionnelle et mentale—créatrice de « faire mondes » uniques dans l'atmosphère. Oui, c'est cela : explorons-nous sous l'angle de nos rêves—de nos mémoires anciennes, instruites, et de nos imaginaires prospectifs, anticipateurs, ainsi que dans l'altérité. L'altérité qui en nous déclenche et nourrit, incrémente des catalogues expérientiels infinis. Osons aussi nous confronter à nos peurs—à nos ombres et à nos penchants discutables : à nos sub-personnalités de crise et aux récurrences obscènes. Allons « comprendre » pourquoi nous en sommes là—en l'état, dans ces réactivités-là, ces étourdissements-là, ces dictatures-là. … Quel est notre « besoin » caché ? Notre « manque de » ? Définissons avec courage les visages de nos tourments—et illuminons-les ! De quoi sont-ils la face sombre ? De quelle « merveille » manquante ou cachée ? « Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours, qui attendent que nous les secourions », nous dit Rainer Maria Rilke.3

Comment ? Par l'art-thérapie : par la production picturale d'images ou sculpturale de modelages, par le corps, par la voix, … extériorisés de soi. Par cette fabrication toute concrète et matérielle de « formes thérapeutiques ». Par cette projection de « mondes intérieurs » et de leur langage—dans une externalité expressive dégagée de tout jugement. Par le retour conscient in-corporé qui en résulte. La « prise de forme » dans la matière—en lien direct avec l'inconscient ( ou l'intentionnel maladroitement maîtrisé ), donne à « voir » en dehors de soi—là devant soi. Peut alors s'amorcer un dialogue de soi à soi dans la répétition du geste—au fil de la thérapie. Chaque « épreuve » sur le papier ou dans l'argile, chaque mouvement, chaque note, … —ainsi formalisés—marquent sensoriellement et fixent représentationnellement une étape décisive de la progression en et sur soi-même. … On peut se contempler en sa métamorphose personnelle. On peut conscientiser et prendre acte de la transformation en train d'opérer d'étape en étape. Sur le parcours : des « cailloux-amis » du chemin, des « marqueurs » du processus de sa propre alchimie, de sa propre renaissance. …

Enfin, un dernier : comment ? Par la pratique régulière de la méditation—que j'introduis et guide habituellement en début de chaque séance. Comme dit précédemment, celle-ci nous entraîne au dégagement tranquille des torpeurs ou des agitations de soi. Elle nous entraîne—au sens sportif, à l'appréciation et à l'acceptation de soi en temps réel—dans toutes les nuances de textures corporelles, sensitives, émotionnelles et mentales. Quel que soit ce qui se passe ou ce qui nous arrive, nous demeurons « présent » à nous-même et à la situation—plaisante ou embarrassante. S'installe alors tendrement en nous « l'oeil » d'une présence-témoin neutre, bienveillante et dé-fusionnée—capable de distancier, autant que de plonger dans les faits et l'a-propos de l'instant. Y compris affectif, y compris exposé. Car il ne s'agit pas de retrait du monde—mais plutôt d'un meilleur exercice—plus clairvoyant, plus éclairé—de son implication relationnelle dedans. … Nous entrons simplement « en relation avec ce qui est »—rigoureusement comme c'est. …

Et la dimension « transpersonnelle » ? La dimension transpersonnelle de la thérapie vient seulement élargir et assouplir notre champ de vision—à une échelle englobant non pas seulement une vie, mais « des vies », … et nous permettre, nous autoriser des régressions dans les champs informationnels de nos bribes de vies d'avant ( le cas échéant ). Le « transpersonnel » traverse les vies et en ce sens, voyage dans l'en-deçà et dans l'au-delà de la personnalité existante actuelle. Une dimension maîtresse—le Soi supra-conscient, migre d'incarnation en incarnation ; une dimension subalterne—le moi subconscient, intègre à lui tout seul le bilan des vies passées ( et pourquoi pas aussi des vies futures ? ).

Nous sommes dans notre persona une « poche humaine » transitoire—fourmi travailleuse de l'assainissement des « poubelles » antérieures. Nous sommes en notre Soi une étincelle Divine, un frottement de la Source, le fruit d'un Don. Et l'ensemble de notre stratification ainsi explicitée en ses aspects inférieurs et supérieurs, est sacré. Il faut savoir nous protéger, nous unifier—dans la non-dualité. Et pour cela monter en énergie, gagner en élévation vibratoire. Pour transcender la division, la séparation, la fragmentation. Car notre « unité » ( celle du self, certes illusoire ) est néanmoins cohérente, intègre et anoblie en chaque instant, dès lors que sa signature dans le monde est intuitive, aimante et éthique. Soyons donc naturellement nous-mêmes. Retrouvons-nous. Pratiquons-nous intuitifs, aimants et éthiques—et ce, quels que soient les territoires que nous traversons. Avec notre corps « connaissant »—envers et contre notre mental trop « fantasmagorique » parfois, exerçons-nous pour que « nos films » deviennent une merveilleuse pellicule réceptive de notre Soi. Nous sommes un « instrument » de ( la ) Vie. Alors : vivons ! …

1• cf. « Les Hasards Nécessaires », chers au psychologue et auteur québécois Jean-François Vézina.
2• « Tout se joue avant 100 ans »—ouvrage de Jean-François Vézina (Editions de l'Homme, 2015).
3• Traduction de Fabrice Midal dans son ouvrage « Pourquoi la poésie » (2010).


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